A première vue, on croirait presque à une énième évolution bodybuildée du coupé AMG GT que l’on connait bien. La seconde génération de la sportive Mercedes a pourtant changé de cap : plus grosse, plus lourde, plus facile… au risque de perdre ce qui faisait son tempérament. On sera toutefois soulagé d’apprendre que le V8 4.0 biturbo sévit toujours. Première rencontre.
Avant toute chose, réjouissons-nous de voir arriver une seconde génération d’AMG GT. Ce n’était pas forcément gagné, vu que Mercedes fait comme à peu près tous les constructeurs par souci d’économie : « rationaliser » une gamme, cela se traduit souvent par la disparition de certains modèles de niche. Audi, par exemple, ne donnera pas de descendance directe et immédiate à la R8 et Jaguar ne renouvellera probablement pas la F-Type. Cela dit, le créneau n’est pas vraiment une niche confidentielle, justement. Tant qu’il y aura une Porsche 911 pour toiser ce petit monde et donner la mesure chez les sportives de ce rang, assurer une présence dans la cour du mètre-étalon sera toujours une bonne idée. Question d’image, et puis c’est bon pour le moral (donc pour la santé). Voici donc la nouvelle Mercedes – AMG GT.
Cela ne se voit pas au premier coup d’œil. La silhouette est familière, mais le coupé GT a subi de sérieuses manipulations d’ADN : déjà, la plate-forme est désormais partagée avec le roadster SL découvert l’an dernier. Celui-ci étant également développé chez AMG, on pourrait se dire que le nouveau SL est donc… l’héritier du précédent roadster AMG GT. Pas vraiment, en fait : le SL est plus gros, plus lourd et d’esprit moins radical que la précédente GT. En bref, le nouveau coupé AMG GT est une SL avec un toit en dur. Ce que le SLC était à la SL à l’époque de la R107, en somme.
Là, premier choc (de taille) : en prenant du recul, l’AMG GT a bien conservé son long capot mais le poste de conduite est un peu plus avancé (dans l’ancien, on était presque assis sur l’essieu arrière !), le profil fastback plus fuyant, et les dimensions ont sérieusement gonflé. Elle s’allonge de 17 cm (4,73 m), repose sur un empattement de 2,70 m (+ 7 cm) et s’élargit de 4 cm (1,98 m). De trois-quarts arrière, certains angles évoquent clairement sa cible directe : impossible de ne pas y trouver des airs de 911, surtout dans l’épaulement d’aile arrière. Les optiques arrière, en revanche, sont bien Mercedes et à l’autre bout de l’auto, on retrouve une calandre béante toujours plus bestiale. Terreur garantie dans le rétroviseur qui précède.
Moins brutale, plus… GT
Le style général a objectivement perdu en finesse, par rapport à la devancière apparue en 2014. Simple constat, l’AMG GT est devenue plus bourgeoise. Cela se confirme à la lecture de l’inventaire de la techno embarquée : elle dispose de roues arrière directrices et sera exclusivement proposée en transmission intégrale 4Matic+. Par défaut, le système assure une répartition 50/50 mais peut, selon le mode de conduite choisi, basculer en pure propulsion. Notons que le différentiel arrière autobloquant est présent d’office. Les adeptes de piste ou de glisse apprécieront, mais devront faire avec quelques quintaux en plus… En y ajoutant la très élaborée suspension pneumatique pilotée et les barres anti-roulis actives, l’auto sera probablement très efficace pour gommer ses 2 tonnes ! Pardon, 1.970 kg à vide, malgré une cure massive d’aluminium (structure et carrosserie). Au moins 300 kg de plus que la précédente. Le freinage est confié à de gros disques (composite) de 390 mm à l’avant pincés par des étriers 6 points (360 mm arrière).
L’AMG GT est devenue une grande et lourde GT bardée de technologie qui frôle désormais les 2 tonnes : roues arrière directrices, 4 roues motrices… Sans doute très efficace, pour ratisser large. Au risque d’en décevoir certains ?
L’AMG GT a soigné ses talents de voyageuse, pour se rapprocher d’un coupé Grand Tourisme plus polyvalent. Maintenant, elle dispose même de places arrière. Enfin, plutôt de strapontins qui serviront de places d’appoint pour des enfants (ou de punition). Ils peuvent surtout se rabattre pour augmenter considérablement la surface totale du coffre et former un plancher quasi plat. Parfait pour y loger deux sacs de golf, ça compte. Le volume grimpe alors à 675 l (321 l banquette en place). Pour le reste, l’habitacle reprend logiquement le même agencement que celui du SL, moins engoncé que l’ancien GT. Plus luxueux et raffiné que réellement sportif, on retrouve le même soin dans les matériaux et les détails de finition, ainsi que le grand écran central de 12 pouces.
Le V8 toujours en pleine forme
La mécanique n’a en revanche pas bougé par rapport à ce que l’on connaissait. Ou à la marge, pour optimiser son rendement. C’est heureux, il apportera ainsi un peu de brutalité dans le caractère du coupé, certainement devenu plus policé. On retrouve ainsi le bien connu V8 biturbo de 4 litres de cylindrée, toujours placé en position centrale avant (mais moins en retrait de l’essieu que sur la précédente), à carter sec (contrairement à sa variante montée sur les précédentes Classe C et E 63 AMG), et associé à une boite 9 rapports multidisques.
Sans sa devancière à côté, on croirait à une grosse évolution de l’AMG GT. En réalité, elle s’est allongée de 17 cm ! Sous le capot, le V8 biturbo (476 ou 585 ch, selon la version) est toujours présent et se limite (heureusement) à une légère mise à jour.
Il est ici disponible en deux niveaux de puissance : la plus modeste, en GT 55, développe la même puissance que la version la plus sage de l’ancienne AMG GT. 476 ch donc, mais le couple maximal grimpe à 700 Nm. Le 0 à 100 km/h est abattu en 3,9 s, et la vitesse maxi atteint 295 km/h. Ces chronos déjà énervés deviennent plus violents sur la GT 63 : le V8 délivre alors 585 ch, soit la même puissance que l’ancienne AMG GT-R, pour 800 Nm de couple maximal (100 Nm de plus que la GT-R, mais atteints un peu plus haut : 2.500 trs/mn contre 1.900 auparavant). On passe alors de 0 à 100 km/h en 3,2 s, pour atteindre 315 km/h au bout du tachymètre. Ces chiffres, certes impressionnants, placent ainsi l’AMG GT à mi-chemin entre une 911 Turbo et une 911 Carrera 4 GTS… plus légères, dans tous les cas, d’environ 300 kg !
A ce jour, pas de tarif annoncé (fatalement en hausse, l’ancienne s’échelonnait de 131.000 € en version de base à 178.600 € en GT-R). La nouvelle Mercedes – AMG GT fera ses débuts publics à Pebble Beach, avant de se dévoiler au public européen à l’occasion du salon de Munich 2023, début septembre.
L’habitacle de l’AMG GT est directement issu du roadster SL. Surprise : l’AMG GT, jusqu’à présent stricte deux places, est devenue une 2+2 ! deux sièges d’appoint (l’espace est limité) se trouvent derrière le cockpit.