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prendre la relève de l’Aventador, mission délicate

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Annoncée par bribes début mars, la remplaçante de la Lamborghini Aventador se dévoile enfin en intégralité. Elle se nomme Revuelto, et si elle ne surprend guère en s’inscrivant dans la continuité de sa devancière, la nouvelle venue étrenne une mécanique hybride atypique pourvue de trois moteurs électriques. Et contre toute attente, le V12 atmosphérique est reconduit. 1.015 ch à l’appui pour le nouveau fer de lance du Taureau…

Sans forcément prétendre à la même aura que des mythes roulants comme une Countach ou une Ferrari Testarossa (il est peut-être trop tôt), la Lamborghini Aventador peut déjà être considérée comme une icône de son temps. En douze ans de carrière, la supercar du Taureau aura autant marqué les esprits par son brutal V12 atmosphérique (de 700 à 780 ch, sur la Ultimae) que par le coup de crayon totalement radical. Ajoutons-y les chronos délirants (2,9 s de 0 à 100 km/h sur la première mouture LP700-4), la conception à mi-chemin entre savoir-faire traditionnel et technologies de pointe (sur les matériaux)… On peut donc raisonnablement se montrer un rien exigeant (ou blasé ?) en attendant sa remplaçante, sixième supercar de la famille née avec la Miura en 1966. Difficile d’arriver derrière, en faisant aussi spectaculaire et décomplexé. Surtout de nos jours, avec les entraves réglementaires qui se profilent.

 

Drôle de nom : Revuelto désigne… des œufs brouillés

Curieusement, Lamborghini n’a pas choisi un patronyme en lien avec l’univers de la tauromachie, et rompt ainsi avec la tradition. Plus étrange, Revuelto désigne un plat espagnol réalisé à base d’œufs. Sans doute excellent et riche en apports énergétiques, mais le rapport avec une supercar de plus de 1.000 ch conçue sur une structure monocoque en composite semble un rien abscons. De manière plus prosaïque, l’appellation signifie « agitation », évoque vaguement la « révolte »… Admettons, on peut y voir un sursaut d’orgueil en pleine chasse aux mécaniques traditionnelles qui font les heures de gloire de ce qui se fait de mieux dans l’automobile. Nous écrivons volontairement au présent : le V12 atmosphérique n’est pas mort, il est même toujours bien visible sous la vitre arrière.

Derrière l’enrobage, finalement classique et plus sage que ne l’était l’Aventador (le seul élément vraiment fort semble être la signature lumineuse en Y des optiques avant), Lamborghini inaugure une motorisation hybride articulée autour d’une évolution du V12 atmosphérique que l’on connait bien (allégé de 17 kg au passage, soit 218 kg). D’une cylindrée de 6,5l, ce moteur développe ici 825 ch et 725 Nm de couple maxi. Plus éloquent, sur le tempérament de la machine, il grimpe à 9.500 trs/mn. Associé à trois moteurs électriques (150 ch chacun), dont un accolé à la boite double embrayage et deux situés sur l’essieu avant, cet ensemble délivre une puissance combinée de 1.015 ch.

 


Lamborghini Revuelto (2023) : prendre la relève de l’Aventador, mission délicate

La Revuelto culmine à 1.015 ch en puissance combinée. Ici, l’électricité vise surtout à soutenir le V12, pas à le remplacer. La batterie, très petite, se limite à 3,8 kWh. Pas la place, de toute façon…

Plus curieux : cet hybride plug-in se contente d’une très petite batterie de seulement 3,8 kWh située en lieu et place du tunnel de transmission. (plus besoin d’arbre, vu que les moteurs électriques avant assurent la transmission intégrale, le V12 n’entrainant que l’arrière). En théorie, l’autonomie électrique oscillerait entre 10 et 20 km, selon le parcours et l’allure… en ville, donc. La recharge peut s’opérer soit sur une prise domestique classique 220V (30 mn environ), soit via un mode de conduite spécifique forçant la recharge en maximisant la récupération au freinage. 6 mn suffiraient, au prix évidemment d’une consommation en hausse… toutes proportions gardées, dans l’épaisseur du trait !

HPEV : l’électricité au service du chrono

Ce choix technique s’explique par la volonté de ne pas nuire à l’équilibre de l’auto par une imposante et lourde batterie, et d’assurer à la partie électrique un rôle de soutien au V12. Pas de s’y substituer. Lamborghini parle d’ailleurs de HPEV, pour High Performance Electrified Vehicle, et pas de Plug-in.

Sur la balance, la Revuelto annonce 1.776 kg, notamment grâce au recours à un composite à base de carbone, pour son châssis monocoque (au lieu de l’aluminium de l’Aventador). C’est loin d’être léger : à titre de comparaison, l’Aventador Ultimae pesait 1.550 kg. L’ensemble de la carrosserie est également en carbone, sauf les portes.

 


Lamborghini Revuelto (2023) : prendre la relève de l’Aventador, mission délicate

Presque toutes les commandes physiques ont disparu, à l’exception des boutons de la boite et des commandes au volant. Trois écrans font leur apparition.

Le surpoids, tout de même conséquent, devrait avoir un impact limité côté performances : Lamborghini annonce 2,5 s de 0 à 100 km/h, ce qui représente 3 dixièmes de progrès par rapport à la Ultimae… et place la Revuelto au coude à coude avec la Ferrari SF90 Stradale, dont le V8 hybride émarge à 1.000 ch. Pour 200 km/h, la rivale de Maranello devrait prendre les devants, avec 6,27 s annoncés. Rappelons que la SF90 est plus légère de 200 kg… La Lamborghini prévoit abattre l’exercice en un peu moins de 7 s, sans plus de précisions, et annonce une vitesse de pointe de 350 km/h. L’ensemble repose sur des jantes de 20″ à l’avant, 21″ à l’arrière, qui cachent des disques carbone – céramique pincés par des étriers de respectivement 10 et 4 pistons.

A bord, en passant les portes en élytres (comme avant), pas de grosse surprise à prévoir. On découvre un cockpit dans l’air du temps, flanqué de trois écrans : une dalle centrale de 8,4″, une instrumentation digitale de 12,3″ et un autre écran de 9″ face au passager, reprenant les données de conduite. Quasiment plus aucune commande physique n’est présente, les dernières étant celles de la commande de boite, le bouton de démarrage, ou les boutons du volant (étonnamment chargé, paradoxalement). Dans l’ensemble, la présentation intérieure parait plus épurée que ce que l’on trouvait à bord de l’Aventador.

Dernière inconnue ? Le tarif, estimé à plus de 350.000 €… mais peu importe, l’argent ne suffit pas : les deux premières années de production de la Revuelto auraient déjà été vendues. Avec ce que cela implique en spéculation pour les premiers exemplaires qui toucheront la route, attendus pour la fin de l’année 2023.   

 


Lamborghini Revuelto (2023) : prendre la relève de l’Aventador, mission délicate

Malgré le recours à une structure monocoque en carbone et l’allègement du V12, la Revuelto pèse environ 200 kg de plus qu’une Aventador classique : 1.776 kg. L’hybridation n’est pas sans impact.

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