En poursuivant ses études, Lucas ne pensait pas devoir quitter le secteur d’Avignon pour intégrer une école en Picardie. Il réside en outre à 150 km de là, en Normandie, à proximité de l’entreprise qui l’emploie comme salarié en CDD au titre de l’alternance. Sa Dacia Spring commence à montrer des signes de faiblesse et un kilométrage élevé. C’est pourquoi, avec le retour l’année prochaine du leasing social, il espère pouvoir la remplacer par un modèle plus adapté.
L’adoption de la Dacia Spring
En 2021, Lucas a obtenu son permis de conduire les voitures à boîte automatique : « C’est parce que je suis dyspraxique. J’éprouve quelques difficultés à coordonner certains mouvements. Je souhaitais trouver une Toyota Yaris 2, dans un budget de 3 000 euros que j’avais réussi à économiser. Nous étions encore en période Covid. Ce modèle a pris 1 500 euros quasiment d’un coup en occasion, me devenant inaccessible. J’ai dû chercher ce que je pouvais prendre d’autre, avec une boîte automatique fiable ».
Il y a trois ans, les voitures électriques d’occasion affichaient des prix trop élevés pour lui : « A ce moment-là, les bornes étaient déjà nombreuses à Avignon, avec une recharge pas chère. Rouler en électrique était donc une bonne idée parce que je pensais rester dans les environs et n’avais que de petits trajets à réaliser. En outre, avec l’auto-école ECF, j’ai appris à conduire sur une Renault Zoé ».
L’offre de Dacia pour une LLD de 3 ans et 30 000 km sur une Spring a retenu son attention : « Hors bonus, avec un premier loyer à 8 300 euros, et en prenant le modèle de base Confort, les mensualités étaient à 58 euros. J’ai finalement ajouté au bonus 3 000 ou 3 500 euros, et pris en plus l’assurance perte financière en cas de destruction du véhicule. La commerciale m’avait dit que dans mon cas, ce n’était pas la peine d’opter pour la recharge rapide. Ainsi, je paye des loyers à 84 euros ».
Un grand déplacement de 900 km
Finalement Lucas n’a pas pu continuer ses études à Avignon : « L’année dernière, j’étais en licence de robotique et automatisme. Maintenant je suis en master de programmation et robotique. J’ai dû aller à Saint-Quentin dans l’Aisne. J’étais pris à la base sans alternance, mais j’en avais besoin pour financer mes études. Une entreprise m’a accepté, mais en Normandie, dans les environs du Tréport. J’ai trouvé à me loger à 16 km de là ».
Son premier défi a été de monter avec la Dacia Spring d’Avignon à Saint-Quentin, à trois personnes dans l’habitacle : « Ca faisait 900 kilomètres, avec un détour par Reims. J’avais peur au début, et j’ai repensé à ce que la commerciale m’avait dit concernant l’inutilité de prendre la recharge rapide en option. J’ai dû m’arrêter six fois en cours de route, avec un coût total de 28,60 euros ».
Pour avoir la facture globale réelle du parcours, il faudrait encore ajouter la recharge effectuée à destination, puisque notre jeune lecteur est parti d’Avignon, batterie pleine. A Saint-Quentin, il a ainsi payé 7,22 euros. Ce qui porterait le coût total à 35,82 euros. Parti le vendredi 19 août 2022 à 6 h 00 d’Avignon, il est arrivé le lendemain vers 20 h 00 à Saint-Quentin. Dans cette période, il a dormi dans un hôtel à Dijon et visité Reims : « En dehors de ces étapes, le seul temps de trajet nécessaire est pile de 24 heures ».
Un choix économique au quotidien
Pour traverser la France, Lucas a principalement exploité les bornes 22 kW AC mises en service à l’initiative des syndicats départementaux de l’énergie et des collectivités, à l’exception de la station TotalEnergies de l’aire de Mâcon-la-Ville (71). Auparavant, il s’était déjà arrêté pour recharger à Mauves (07). Sorti de l’autoroute où il a roulé le plus souvent à 110 km/h, et même parfois à 90 km/h pour minimiser le nombre d’étapes, il a branché sa Dacia Spring à Couchey (21), Troyes (10) et Reims (51).
« En général j’arrête vers 80-82 %. Mais j’ai parfois laissé tomber très bas le niveau d’énergie. Je me suis rendu compte que même à 0 % je peux encore rouler six à sept kilomètres à une allure normale. En revanche je rencontre régulièrement des problèmes de connectivité avec le smartphone qui m’empêchent de suivre à distance l’évolution de la recharge », précise-t-il.
Ce premier long déplacement a servi de galop d’essai avant un quotidien gavant la Dacia Spring de kilomètres : « Une semaine sur deux, je dois parcourir 300 km par jour pour rejoindre l’école à Saint-Quentin depuis la Normandie. Ce qui me fait passer presque cinq heures derrière le volant quand je ne prends pas l’autoroute. Je peux faire moins, en empruntant cette dernière sur une partie du trajet. Dans ce cas, le temps de route, aller comme retour, descend de 2 h 25 à 1 h 40 ».
Une disponibilité sans faille des bornes
L’autonomie théorique de 230 km en cycle mixte WLTP paraît déjà bien juste pour l’utilisation que Lucas fait de sa Dacia Spring : « Je peux faire le trajet aller ou retour sans recharger en cours de route, sauf quand la température tombe en dessous de -8° C. Pourtant je roule sans chauffage et me permet d’arriver à 0 % de batterie ». Pas de siège ni de volant chauffants, mais notre lecteur a une astuce : « Le chauffage, c’est une résistance qui fonctionne à 3-4 kW. Pour gagner 5 à 10 % d’autonomie, je le mets à fond vers la fin de la recharge. Ainsi ça ne tire pas sur l’énergie de la batterie qui doit en outre être chaude quand je pars à peine régénérée ».
Il a enregistré un record de 270 km sans recharge intermédiaire : « C’était en été. Quand la température est au-dessus de 8° C, j’ai une autonomie réelle de 220 km. En dessous, elle tombe à 170-180 km, avec une consommation de l’ordre de 13-14 kWh/100 km en n’empruntant que des routes départementales. Quand il fait -8° C, j’ai observé de l’ordre de 16-17 kWh/100 km, toujours sans prendre l’autoroute ».
Le modèle de fonctionnement de l’alternant semble bien fragile, dépendant de l’état des infrastructures : « Je n’ai que très rarement rencontré des bornes défectueuses. Là où je suis, il y a une station avec quatre points de recharge dans un hôtel. Il est arrivé que le mécanisme se bloque et que je ne puisse plus débrancher. Il me suffit de demander à l’accueil le redémarrage de la borne et le câble est libéré ».
Un plafond kilométrique qui va exploser
En période scolaire, l’étudiant électromobiliste roule donc beaucoup : « Sur le mois, entre septembre et mars, je totalise 3 500 km qui me coûtent seulement 70 euros en électricité. Avec une voiture essence, je n’aurais pas pu ». Pour comparaison, le budget mensuel dépasserait les 300 euros avec une voiture diesel consommant 5 litres d’un gazole à 1,80 euro.
Entre la Normandie et la Picardie, les tarifs ne sont pas les mêmes : « A Saint-Quentin où se trouve mon école, je paye 22 centimes le kilowattheure. C’est 40 centimes en Normandie. Les semaines où je vais à l’entreprise, je n’ai besoin de recharger qu’une fois ».
En roulant autant, les 30 000 km de plafond sur les trois ans de la LLD vont être très largement dépassés. Lors de la prise de témoignage, le compteur affichait déjà plus de 42 000 km, alors qu’il reste encore 15 mois à courir avant le terme de la LLD : « Les pénalités sont de 24 euros pour 1 000 km supplémentaires. J’ai déjà calculé que quand je rendrai la voiture à terme en 2025, je devrais payer pour cela dans les 700 euros de dépassement ».
La LLD comme une aubaine
Notre jeune lecteur considère dans son cas la LLD comme une aubaine : « Mes moyens financiers étaient limités. Je n’avais que deux possibilités : soit je repassais par la case permis pour pouvoir conduire une voiture thermique à boîte mécanique, soit je passais par la location. J’ai recherché la rentabilité sur trois ans, le temps de mon alternance. Je ne pourrais pas faire avec une voiture à essence ce que je fais aujourd’hui ».
Lucas voit de la sécurité dans la LLD : « La location, c’est pour moi comme payer un abonnement pour être tranquille pendant le temps de mon alternance. Si la voiture tombe en panne, on me la remplace. J’ai d’ailleurs rencontré pas mal de petits problèmes. Par exemple les essuie-glace qui ne fonctionnent plus. J’ai trouvé un moyen pour les débloquer, en appuyant sur le bouton d’injection du liquide lave-glace. J’ai aussi eu des arrêts de recharge, le tableau de bord qui fait sapin de Noël, et des messages m’indiquant un danger électrique. Il me suffit de couper le contact et redémarrer pour que ça rentre dans l’ordre ».
Devoir rendre la voiture à la fin du contrat ne le préoccupe pas : « Quand j’en aurai terminé avec l’alternance, j’aurai un travail. Ce ne sera donc pas un problème. A ce moment-là, je verrai ce que je ferai. J’achèterai peut-être une voiture ».
Leasing social
En plus des petits problèmes rencontrés, Lucas pointe sur la Dacia Spring un manque d’insonorisation : « Déjà dès 80 km/h, le bruit est insupportable avec les pneus de base chinois Linglong. Je les ai remplacés par des Goodyear toutes saisons. Par ses dimensions, cette voiture électrique est si pratique pour rouler en ville et se garer. Son rayon de braquage est très bon, et sa hauteur de garde au sol permet de franchir les dos d’âne sans frotter. Il lui manque la recharge 22 kW AC de la Renault Twingo ».
Avec le recul, il se dit qu’il aurait pu disposer d’un modèle plus approprié à ses besoins actuels : « En attendant un peu, j’aurais eu accès à une MG4 à 99 euros par mois. J’espère pouvoir profiter du leasing social pour changer de voiture, avec impérativement la recharge rapide CCS et un minimum de 300 km d’autonomie ».
Alternant, est-il éligible au leasing social ? « Oui, parce que je suis considéré comme un salarié. Plusieurs alternants ont pu bénéficier de cette mesure pour 2024. Comme je suis en CDD, il me faudra juste un garant. Je crains cependant deux problèmes liés à la date de restitution de la Spring. Avec un devis que j’ai accepté en janvier 2022, je n’ai reçu le véhicule qu’en mai suivant. Le quota pour le leasing social sera très certainement atteint bien avant mai 2025. Si je fais une restitution plus tôt, par exemple en janvier, le délai de trois ans pour bénéficier à nouveau du bonus ne sera pas atteint ».
Automobile Propre et moi-même remercions beaucoup Lucas pour sa disponibilité et son très intéressant témoignage que nous avons sollicité. Depuis l’interview, il m’a recontacté pour m’annoncer que sa Dacia Spring est en panne avec comme message au tableau de bord : « Système élec à contrôler ». Nous espérons que ce problème sera très vite résolu.