En dehors des fidèles Mitsubishi, l’Outlander est progressivement tombé dans l’oubli. Le SUV japonais, disparu d’Europe voilà trois ans, prépare son retour chez nous pour fin 2024, en prenant soin de cultiver l’ADN du modèle : hybride PHEV, et transmission intégrale perfectionnée. Premier contact, avec un mètre de glace sous les gommes.
Le cercle polaire n’est pas très loin de notre terrain de jeu du jour, en Carélie, aux confins de la Laponie finlandaise et de la frontière russe. Pour autant, le Mitsubishi Outlander de quatrième génération n’est pas à proprement parler une nouveauté de toute première fraicheur (même si le thermomètre tombe encore à -10° au petit matin en ce début de printemps). Il est apparu fin 2021, et n’a pour l’instant pas jugé nécessaire de franchir l’Atlantique. L’Amérique du Nord reste son marché numéro un. Pourtant, le précédent Outlander s’est tout de même fait un nom en Europe : premier SUV hybride PHEV, longtemps resté le modèle doté de cette technologie le plus vendu chez nous. Qu’il ait disparu du paysage est paradoxal.
L’Outlander fera donc son retour sur le sol européen après trois ans d’absence, pour chapeauter une gamme Mitsubishi réduite à peau de chagrin depuis quelques années : mi à part la citadine Space Star et l’atypique Eclipse Cross, seules « vraies » Mitsubishi présentes dans la gamme française, la famille est représentée par les Colt et ASX, clones des Renault Clio et Captur ! Politique industrielle oblige, Mitsubishi faisant partie de l’Alliance Renault – Nissan. Cela ne se voit pas, mais ce « nouveau » Outlander partage également une bonne partie de sa plate-forme avec les Nissan X-Trail et… Renault Espace de sixième génération.
Mitsubishi Outlander : vie à bord
L’Outlander que l’on découvre aujourd’hui a donc déjà trois ans de carrière au compteur. L’Europe aura droit d’emblée à son évolution de mi-parcours. Mitsubishi reste peu disert sur le sujet, mais nous assure que les versions restylées resteront proches de l’actuelle mouture. Premier constat, le style général est d’inspiration plus américaine que son prédécesseur : chromes en abondance (façon Eclipse Cross), contours massifs… Pas de fantaisie à signaler, nous avons toujours affaire à un SUV tout ce qu’il y a de plus classique, dans sa silhouette et ses proportions. Les dimensions ont à peine bougé, en hausse d’à peine 2 cm en longueur (4,71 m), et 4 cm en largeur (1,86 m).
L’ambiance à bord est bien plus moderne que le précédent, lancé en 2013. Finition presque luxueuse, matériaux de qualité et ergonomie classique (toujours de vrais boutons). Les modes de conduite se sélectionnent via la molette centrale.
A bord, le progrès est bien plus marquant. On oublie l’agencement daté et un peu austère du précédent, place à du mobilier soigné, des matériaux cossus et une finition plus flatteuse. Là encore, Mitsubishi est resté classique… Le style rappelle le récent Nissan X-Trail (c’est plutôt flatteur), l’ergonomie aussi. Bonne nouvelle : toujours de vrais boutons pour la ventilation, les modes de conduite (via une molette centrale), et l’instrumentation (numérique) est claire et lisible. L’écran central n’est pas géant et un peu vieillot, pour un SUV moderne de ce rang (9,1″). Au moins, on évite les immenses dalles envahissantes, le système est bien placé et plutôt facile à aborder. Les menus sont assez clairs, la réactivité est correcte. Mais comme souvent, il faudra s’habituer aux multiples menus et paramètres, rendus complexes par la variété des modes de conduite et de gestion de la motricité, de l’hybride, ou encore du freinage régénératif.
En tout bon SUV familial, l’Outlander sait recevoir. Les places arrière ne manquent pas de place, la sellerie est confortable (et d’aspect presque luxueux, matelassée sur notre modèle d’essai), la banquette arrière est coulissante et le dossier se règle en trois parties. La troisième rangée (d’un seul tenant, non fractionnable) servira en revanche au dépannage, pas plus : guère confortable et l’espace est étriqué, à moins d’avancer au maximum le 2ème rang… Qui se réduit alors au strict minimum. On ne peut pas tout avoir.
Banquette reculée au maximum, la place ne manque pas au 2ème rang et l’absence de tunnel central (pas d’axe de transmission) libère le plancher. Derrière en revanche, le 3ème rang est symbolique et servira à dépanner.
Côté coffre, le volume est généreux sur le papier (872 l jusqu’en haut, selon les chiffres américains), mais ne prend probablement pas en compte la banquette repliée, qui condamne automatiquement tout le double fond. La version 7 places s’adresse plutôt aux familles qui en ont un besoin impérieux. Elle permettra toutefois à l’Outlander de figurer parmi les rares SUV PHEV 7 places proposés en Europe. Kia Sorento et Hyundai Santa Fe en sont quasiment les seuls représentants à ce jour.
Au volant du Mitsubishi Outlander : des gènes Renault – Nissan, bien cachés
Mitsubishi a effectivement fait ses courses chez ses partenaires pour ce quatrième Outlander, en reprenant la plate-forme CMF C/D des Espace et X-Trail évoqués plus tôt. Quelques discrets éléments d’accastillage, dans l’habitacle, sont bien partagés avec ce dernier, mais les similitudes visibles s’arrêtent là. Techniquement, si des éléments de liaisons au sol sont communs, la partie mécanique est bel et bien une création maison : pour cause, Mitsubishi a reconduit la motorisation hybride rechargeable de la précédente mouture. Dûment optimisée au passage, certes, avec toujours un gros 4 cylindres atmosphérique de 2,4 l à cycle Atkinson pour la partie thermique. Ce moteur de 133 ch est associé à deux moteurs électriques, de respectivement 116 et 136 ch avant/arrière. On dispose au total d’une puissance combinée de 252 ch, le tout permettant d’évoluer en tout-électrique durant environ 60 km, grâce à une batterie de 20 kWh (13,8 kWh auparavant). La version européenne devrait être capable d’atteindre 100 km, avec une batterie en principe un peu plus grosse. Rien d’officiel à ce jour.
Dans sa version européenne, l’Outlander évoluera très peu par rapport au modèle américain ici présenté. Le style reste conventionnel (un peu clinquant et chromé !), et les dimensions ont peu évolué par rapport à l’ancien (4,71 m de long).
Sur cette première prise en main sur un lac gelé (aucun risque, rien ne bouge en promenant ses 2,1 tonnes sur 1 mètre d’épaisseur de glace), impossible d’évoluer la sobriété ou les performances énergétiques de cet hybride éprouvé. Le fonctionnement ne change pas fondamentalement : accélérations et relances sont énergiques malgré le poids conséquent (332 Nm de couple maxi), mais pas foudroyantes. 7,5 s de 0 à 100 km/h tout de même : pas mal. On retient plutôt la douceur de marche, qui contribue à l’agrément général assez feutré. En tout cas, en gardant le pied léger et en enroulant tout en progressivité… sans quoi, l’impression d’emballement du moteur, façon boite CVT (ce qui n’est pas le cas ici, vu que la transmission ne dispose que d’un rapport unique) peut agacer. Heureusement, l’isolation parait réussie.
Rappelons que l’architecture de cette mécanique est assez particulière : le 4 cylindres assure un rôle de générateur, en dessous de 70 km/h, et n’entraine pas directement les roues. A delà, il est associé aux roues avant et fonctionne comme un hybride parallèle classique, contrairement au X-Trail qui reste un hybride série où le thermique est constamment dissocié de la transmission. Dans les grandes lignes, le principe se rapproche des dernières productions Honda, Civic ou ZR-V.
En mode « Neige », le système S-AWC canalise le couple et gère la répartition entre les 4 roues, tout en progressivité. Pas de débordement, le comportement typé sous-vireur rassure… et les gommes hiver Nokian assurent une bonne partie du travail.
Mitsubishi Outlander : un système 4×4 complexe
La transmission intégrale étant une spécialité Mitsubishi, on attend du nouveau Outlander certains talents en conditions tout-terrain. Notons que la garde au sol s’annonce légèrement moins haute, mais reste généreuse (20 cm). Crapahuter et se lancer dans de sévères transferts de ponts n’est de toute manière pas vraiment son sport favori (c’était le travail du Pajero, aujourd’hui disparu).
Pas de franchissement pour cette fois, mais un parcours 100 % neige et glace permettant de mettre en évidence la gestion pointue du S-AWC (Super All Wheel Control, le système 4 roues motrices maison). Sept modes de conduite sont disponibles, plus ou moins permissifs : en « Neige », le couple est canalisé de manière très progressive et coupe vite les gaz, en cas de réaccélération un peu trop forte ou précoce. En « Boue », le dispositif est plus conciliant mais reste orienté… sécurité, avant tout. L’un des atouts d’une transmission intégrale de ce type, assurée par les deux moteurs électriques (pas d’arbre de transmission), se trouve surtout dans la gestion plus fine et réactive de la répartition du couple. Un système électrique est par nature plus rapide qu’un équivalent mécanique type Haldex.
L’hybride PHEV est repris du précédent Outlander : toujours un 4 cylindres de 2,4 l, deux moteurs électriques (un par essieu). La puissance combinée s’établit à 252 ch (230 ch sur l’ancien), plutôt à l’aise pour déplacer ses 2,1 tonnes.
Reste à lui faire prendre la route, sur bitume cette fois. Ce premier galop d’essai permet déjà d’entrevoir d’intéressantes qualités routières : le ressenti est plutôt gommé (à l’image de la direction peu consistante), et le confort de roulement va de pair avec un comportement stable et placide (un peu souple en suspension, cohérent avec l’ensemble). Pas de surprise au volant de cet Outlander, et la version européenne, ajustée à la marge, devrait afficher le même tempérament.
Titre fiche technique
FIche technique Mitsubishi Outlander (2024)
Fiche technique
Dimensions L x l x h | 4,71 x 1,86 x 1,74 m |
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Volume mini / maxi du coffre | 362 / 872 / 1.832 l (7/5/2 places) |
Empattement | 2,71 m |
Poids à vide | 2.090 kg |
Motorisation | 4 cylindres essence, atmosphérique – 2.359 cm3 (133 ch) + 2 moteur électriques av/ar (116 + 136 ch) |
Puissance combinée / couple maximal | 252 ch – 332 Nm |
0 à 100 km/h – Vitesse maximale | 7,5 s – NC |
Capacité batterie – Autonomie électrique | 20 kWh – 61 km |
Tarifs | Estimation : 55.000 € environ |