Nous avions hésité avec « Vive le Diesel » en guise de titre. Gênant, n’est-ce pas ? La E 450d dispose de l’unique 6 cylindres proposé en France sur la Mercedes Classe E, pour l’instant. Nous allons sans doute agacer un bon paquet de sensibilités (généralement mal informées), mais ce 3 litres de plus de 360 ch alimenté au mazout est probablement le meilleur moteur de la gamme. Chronos façon catapulte à la clef.
S’enthousiasmer à ce point pour un Diesel est assez nouveau. Le trio allemand s’est fait fort depuis longtemps de nous servir des gros blocs carburant au gazole, appréciés pour leur couple de camion, leur sobriété et leur discrétion… un peu moins pour leur tempérament. Exception faite de quelques cas particuliers avec certains V8 (Audi SQ7), ou les anecdotiques V10 et V12 TDI des Volkswagen Touareg et Audi Q7, il y a quelques années. Plus sagement, les seuls Diesel parvenant à délivrer un semblant de caractère se trouvaient du côté de chez BMW. Le 6 en ligne des M340d et M550d, par exemple. Les progrès sur ces moteurs sont tout de même frappants. Au point que même Audi a remplacé le V8 essence des S6 et S7 par un V6 TDI voilà quelques années. Idem pour la S4, convertie au TDI. Mais uniquement en Europe, pour des questions de CO2… Nous y reviendrons.
En attendant une future version AMG, la E 450d assure le haut de gamme de la Classe E. Diesel, mais tant pis : le 6 cylindres délivre un caractère étonnament raffiné.
Bon à savoir : anticiper l’achat et la revente.
Il est possible de connaitre la valeur de revente ou de reprise de votre véhicule grâce à la cote auto Turbo de votre Mercedes Classe E, l’alternative à la côte Argus.
En réalité, la raison principale est désolante (et simple) : la chasse aux grammes (de CO2, et pour ce faire on prend des kilos sur la balance). En France, nous n’avons quasiment plus que ça à nous mettre sous la dent. Notre malus national prive quasiment toute motorisation essence classique d’avenir chez nous, mais consolide le mazout dans son rôle de carburant pour gros rouleur. En toute légitimité, certes. Le Diesel reste le plus pertinent pour enchainer les kilomètres à haute vitesse stabilisée, en sirotant son fuel lourd comme un chameau. Voilà donc pourquoi Mercedes ne proposera pas de 6 cylindres essence sur la Classe E, même micro-hybride comme l’excellent 450 (381 ch). Du moins sur la gamme classique, hors version AMG (un 6 en ligne dérivé du 53 AMG est pressenti). Donc, pour ceux qui ne veulent pas d’hybride plug-in (pour des raisons d’usage ou d’agrément), Diesel obligatoire de ce côté du Rhin !
Chaudière de sport
Cela dit, nous sommes plutôt bien servis. La E 450d ne présente pas de nouveauté mécanique majeure, son 6 cylindres est repris quasi tel quel de la Classe S. Ce moteur est la dernière évolution en date de toute une famille de « 6 en ligne » Mercedes, qui a progressivement remplacé les anciens V6. Nous avons donc à disposition 367 ch, épaulés par une micro-hybridation de 23 ch totalement transparente à l’usage (à part peut-être à démarrage, c’est subtil).
En toute discrétion, une E 450d signe des chronos de sportive. A peu près n’importe quelle GTI reste derrière, du moins tant que la route est droite (4,8 s de 0 à 100 km/h).
Cela ressemble à un bug inattendu, dès la première accélération pied au plancher. Une Classe E Diesel, comme un taxi, vraiment ?! Pas besoin de l’emmener comme une brute, elle s’en charge elle-même. Mais fort bien éduquée, la brute. C’est un petit délire : 4,8 s sur le 0 à 100 km/h est évidemment un chrono remarquable. Sans forcer et tout en douceur, la poussée impressionne de la part d’une imposante machinerie de 2 tonnes. Façon paquebot de course, avec 750 Nm dès 1.350 trs/mn, la poigne en relance tient tête à la plupart de ce qui roule, même aux électriques coupleux à souhait. Heureusement, dirons-nous. Vu le pedigree, l’inverse serait frustrant.
La surprise vient surtout du caractère dont ce gros cœur fait preuve, étrangement raffiné dans son fonctionnement. Même au démarrage, à basse vitesse à froid, le grondement sourd s’apparente à un gros Diesel marin. Ensuite, les accélérations sonnent étrangement : c’est rauque, puis métallique, toujours discret et étouffé… presque comme un V8, en forte relance ! Filtré et feutré à souhait, tout colle avec l’habitacle de la Classe E, typé salon techno. Bien mieux en tout cas que les 4 cylindres qui équipent les version PHEV (essence ou Diesel), bien moins agréables.
Extrait émission : Classe E, Mercedes mise sur la technologie
La micro-hybridation 48V, assurée par un petit moteur de 23 ch, est quasi imperceptible à l’usage. Elle se contente de soulager le Diesel au démarrage et favoriser les passages en roue libre, pour grappiller quelques litres…
Nous avions déjà abordé ce très élégant cockpit lors de nos premiers essais. Finition pointilleuse, matériaux de premier choix et équipement techno sont dans la veine de la grande sœur Classe S. Enfin, contrairement aux versions PHEV dont le coffre est pénalisé par l’imposante batterie, la E 450d (comme les autres motorisations conventionnelles) conserve un volume de chargement conséquent : 540 l, de quoi engloutir les bagages pour quatre (ou cinq, pour punir le passager du milieu) sans jouer au casse-tête géant. Sinon, le break fait encore mieux (615 l).
1.000 bornes en excès de vitesse, c’est possible ?
Interdit ne veut pas dire que c’est impossible. Libre à chacun de dilapider ses points. De toute manière, on ne l’emmènera pas enchainer les épingles à des allures démoniaques. Malgré une suspension pilotée remarquablement calibrée, surtout en mode Sport, le confort prime. Idem pour la direction, assez gommée, qui n’offre pas tout à fait le mordant d’une Série 5… mais s’en approche, question en agrément général.
Le très perfectionné système audio Burmester, avec 17 haut-parleurs et fonction 4D, offre un rendu remarquable façon salle de concert. Presque superflu : la sonorité du 6 cylindres n’est pas désagréable, pour un mazout.
La Classe E reste tout de même un peu moins imposante que la BMW, et le compromis confort / dynamisme s’annonce tout à fait équilibré. De plus, les roues arrière directrices (option à 3.400 € tout de même) apportent une agilité intéressante, surtout en manœuvre. Pas de quoi en faire une ballerine sur tracé sinueux, même si la transmission intégrale (la E 450d est uniquement disponible en 4 Matic) rassure et invite presque à hausser le rythme. On se calme vite : le poids toujours, et les mouvements de caisse, pas toujours contenus par la suspension pneumatique pilotée qui évite toute réaction sèche… Même en mode Sport.
Calé à 130 km/h à 1.400 trs/mn, autant dire que la marge est généreuse. En mode Sport, deux rapports tombent, le compte-tours grimpe à 2.000 tours. Un peu plus tard (pas longtemps !), la boite revient vite sur son 9ème et dernier rapport. Le compteur indique alors 180 km/h. On aurait encore de quoi continuer. A ce rythme, le réservoir (une vraie cuve de 66 l, ça devient rare) risque de se vider avant les 1.150 km annoncés par la jauge au départ. Pour s’y tenir, il faudra impérativement se cantonner aux allures usuelles. Au final, nous avons pu parcourir presque 900 km avec un seul plein, vidé sur un parcours mixte relativement exigeant… en profitant autant des largesses de cette mécanique que du confort remarquable de cette marathonienne de luxe. Environ 7 l/100 km de moyenne relevée, donc. Tenir de gros rythmes et de sévères changements de cadences, tout en préservant ses ressources, voilà l’esprit.
Imbattable, pour les gros rouleurs. On parcourt sans peine 1.000 km avec un seul plein. Aucun hybride proposé sur la Classe E ne peut rivaliser : au mieux, le PHEV 300de atteint 700 km (batterie chargée + 1 plein).
Tarifs : lourd, comme prévu
La E 450d est logiquement la plus chère des Classe E, en attendant une AMG plus turbulente (et plus complexe techniquement, puisqu’il pourrait s’agir d’un hybride PHEV). A 89.650 € exactement, le prix de départ est très élevé, et malgré des émissions remarquablement basses pour un moteur de ce niveau de performances (155 g), on devra tout de même s’acquitter de 3.119 € de malus (156 g et 3.331 € en AMG Line, notre version d’essai). Une paille compte tenu de la facture totale ! Heureusement, l’équipement est assez complet et offre d’emblée l’interface MBUX, le grand écran central (14,4″), les sièges chauffants…
Une bonne partie de la technologie embarquée est optionnelle, et les 6 chiffres sont largement atteints avec notre modèle d’essai : en plus des 95.050 €, il faut ajouter 1.850 € pour le Superscreen doté d’un second écran côté passager, 1.300 € pour l’affichage tête haute, 2.600 € pour le pack Assistance à la conduite Plus, et 3.400 € pour les roues arrière directrices… entre autres. L’argument d’économie, malgré son appétit d’oiseau, ne tient donc pas vraiment. On s’y attendait. Une E 220d est bien moins chère, mais la musique n’est pas la même.
Titre fiche technique
FIche technique Mercedes Classe E 450d (2024)
Fiche technique
Dimensions L x l x h | 4,949 x 1,880 x 1,468 m |
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Volume mini du coffre | 540 l |
Empattement | 2,961 m |
Poids à vide | 1.990 kg |
Motorisation | 6 cylindres en ligne Diesel, turbo – 2.989 cm3 + micro-hybridation 48V |
Puissance – couple maximal | 367 ch (+ 23 ch électrique) – 750 Nm |
0 à 100 km/h – Vitesse maximale | 4,8 s – 250 km/h |
Consommation annoncée – relevée (mixte) | 5,9 l – 6,9 l / 100 km |
Tarifs | à partir de 89.650 € (modèle essayé : 95.050 € + options) |